Réflexion morbide

Cela fait quelques temps déjà, mais j'ai eu l'occasion de réfléchir. Je sais, ça n'arrive pas souvent. Vu qu'il s'agit là de quelque chose de rarissime, je vais en faire partager les courageux et les masochistes qui auront le courage, le temps et surement rien d'autre a foutre que de lire ceci.

Pour reprendre le thème qui aura traversé les siècles depuis que l'Homme ai commencé a perdre sa pilosité et à se rendre compte de son impuissance (sans aucune allusion déplacée, nous sommes sur un forum sérieux ici !), que se passe-t-il après la mort?? *voix sépulcrale*... Et bien en fait, je n'en sais rien et je ne compte même pas m'interroger là dessus ! Faut pas trop m'en demander non plus...

Cependant, il est facile de se questionner sur les dernières images que l'on donne, avant d'être misérablement et inexorablement dévoré par le temps et les asticots. Aussi, je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion d'assister à un enterrement, si c'est le cas, peut être comprendrez vous mon point de vue, et si, au contraire, vous avez eu la chance de n'avoir jamais perdu un proche, tant mieux pour vous et vous allez avoir l'opportunité de réfléchir à votre tour (non mais je vois pas pourquoi je serais la seule à bosser ici !).

Toujours est-il qu'il s'agit en général d'une occasion de revoir ou de rencontrer de la famille dont on ignorais jusque là l'existence, mais qui eux vous connaissent très bien, allez savoir pourquoi... Bref, une petite anecdote parlera surement mieux qu'une longue liste de généralités, et elle sera certainement moins chiante que la seconde option.

Je disais: pas très enthousiaste, vous le comprendrez, me voilà donc au milieu de tout un tas d'amis de la défunte et de membres d'une famille qui m'est aussi proche que Marseille l'est de Lille. C'est ainsi qu'une femme d'un certain âge, ou d'un âge certain, l'euphémisme est le même, que je n'avais jamais vu, le visage si abondamment enduit de fond de teint qu'il en était orange, contrastant un cou d'une blancheur cadavérique, m'aborde jovialement, ruinant de ce pas toutes mes certitudes. Cela ne faisait que dix-sept ans que l'on me répétait assidument que j'avais tout d'une C. (laissons les noms propres hors de ce forum ils ont autant de raisons de se trouver ici qu'un prêtre dans un sex-shop... hum pardon ma comparaison est peut être mal choisie...). Or, voici qu'un parfaite inconnue me saisis violemment le menton en beuglant à qui veut l'entendre, et à qui ne veut pas, par la même occasion, que "Ah oui, c'est du Jean F. tout craché!!!". Bien entendu, c'est dans ces instants là que l'on se sent virile, et où l'on se pose plein de questions sur son arbre généalogique.
S'ensuivent les éternelles conversations qui remplacent actuellement les "il fait beau hein?" : les études. Il faut croire qu'il s'agit du sujet de présentation universel. Dit moi quelles études tu suis, je te dirais qui tu es. Comment font les gens qui ont arrêté ou simplement pas eu la possibilité d'être scolarisés? Les exclus-t-on de la conversation? Enfin bref, je ne m'attarderai pas à faire des commentaires sur une lointaine cousine au 36^ème degré (comme les blagues!), qui ne connaissait pas le nom de ses options obligatoires de seconde, comme quoi j'arrive a trouver des gens encore moins concernés que moi pour leurs études!

Que dire sur l'organisation? Pas grand chose, des professionnels compétents (non, ce n'est pas un pléonasme !), qui déclament leur "Je vous invite a suivre le véhicule" sur le même ton qu'aurait pris un guide de tourisme pour faire visiter un musée, ou qu'un individu burlesque aurait employé pour un "tu veux voir ma bite?". Je vous passerais la suite, donc, par décence (eh oui ça m'arrive parfois de faire preuve de décence et de savoir vivre).

En conclusion à tout ceci, je dirais que j'ai assez de raisons de ne pas vouloir être enterrée. Je sais que le ridicule ne tue pas (et heureusement d'ailleurs) et qu'il serait en théorie bien trop tard pour se préoccuper de cette futilité qu'est l'amour propre, mais je me refuse à infliger ceci à des âmes sensibles et asociales de passage. C'est décidé : à ma mort, je me désintègrerai sans laisser de traces et j'irai retrouver Alduin en Sovngard!